Le « concept fondamental de la sensibilité » signifie « en ouvrant, se laisser donner un monde, le laisser venir à la rencontre » (GA 22, 186 [CFPA, 205]).


« L’aisthesis, c’est primairement tâter, aller pour saisir. Là où il y a perception de quelque chose, orientation au sein d’un monde, là il y a λύπη τε καί ήδονη (413 b 23), se sentir disposé de telle ou telle manière, se trouver bien ou mal et là aussi il y a être ouvert à : ορεξις [« désir »] (413 b 23). » (GA 22, 185-186 [CFPA, 205]).


« Tout vivant, dans la mesure où il est, a un monde, ce qui ne vaut pas pour le non-vivant. Tout vivant s’oriente sur quelque chose, il se dirige vers lui, l’évite etc. à vrai dire tout cela de manière encore indistincte. On ne peut interpréter de la sorte les protozoaires et les êtres vivants en général que de façon indirecte, par analogie avec nous. Mais en même temps que cet être découvre un monde, son être lui-même se découvre. Cet étant sait de quoi il retourne avec lui-même, quoique seulement en un sens très vague et très général. » (GA 22, 207-208; [CPFA, 227-228]


« Cet étant qui, pour autant qu’il est, entend du seul fait qu’il est, nous l’appelons : vie, et en un sens plus étroit : le Dasein humain. L’entendre appartient au mode d’être du Dasein humain, mais en un sens également à celui de l’animal. Dès qu’une chose est entendue, elle devient manifeste dans son être-tel : elle n’est plus en retrait. Dans l’entendre, il y a quelque chose comme la vérité, alèthéia: ce qui est hors du retrait, non recouvert, mais au contraire découvert. ». (GA 22, [CFPA, 227]).

Concepts fondamentaux de la philosophie antique - Été 1926